Dissertation sur l'inondation du 13 novembre 2013 à Ittre

Histoires d'eau...

Ce samedi dernier vers 22,30h , appel …

« Si tu tiens à ta caravane t'as intérêt à venir en vitesse car l'eau monte et je n'ai déjà plus accès à mon bateau… c'est Daniel, sa voix est exaltée, son ton décisif et évident !

Je suis coincé dans un quartier de Bruxelles, je ne réfléchi que quelque secondes et me voilà déja parti . Sur la route une pluie, la même que celle qui nous trempe depuis plusieurs jours.

Il est vrai qu'au matin, en traverssant Ittre j'ai assisté à un spectacle que je n'avais, jusqu'alors jamais vécu…arrivé au village, certaine rues sont totalement transformées en petites rivières chariant des terres sorties tout droit des champs et qui déjà envahissent la chaussée en formant des ilôt au milieu de l'eau qui coule de partout. Au centre du village. A la hauteur de la boulangerie, l'eau n'est plus qu'à quelques centimètres de l'entrée du magasin, 80 à vue d'oeil.

Partout les gens sont affairés, étonnés, il y a dans l'air quelque chose de Tintin et son étoile mystérieuse…

Cette incident me remonte subitement à la mémoire, alors que je roule à toute berzingue vers Ronquières…il est déjas 22h45, comment vais je trouvé la caravane, le bateau, les bateaux ?

Arrivé à l'écluse 27, la route est barrée par un torrent qui déboule du bief 26. Contre le bureau de l'écluse 27, 60 cm, alors que la caravane se trouve plus loin, sur le halage, Daniel est là, sur la route, « plus moyen d'accéder à mon bateau, dit il »

Ma première attention est pour l'Agami, amarré en contre-bas, dans le bief 27.

Je décide d'y descendre coûte que coûte…il faut que j'analyse la situation..

Une rivière s'est installé là, c'est la Samme qui traverse la rue, qui dévale le long du halage, sur la prairie , et le long du grand talus. Je descend et je trouve le bateau, tirant sur ses amarres comme un cheval tirerait au renard, au risque de se fracasser les vertèbres, je ne distingue plus la berge, tout n'est plus que eau.

Inconscient et malgré tout poussé par une conscience, je me décide de monter à bord pour doubler les amarres car c'est jusqu'au genoux que l'eau, d'une violence impressionante fait mine de vouloir m'emmener.et lorsque je m'agrippe à la passerelle pour la franchir, je me rend compte que je suis dans l'eau, que l'escalier de la passerelle est à un mètre du bord, et que le bateau; entraîné par ce courant n'est plus du tout à quai. Je ne distingue plus la différence entre l'eau et la terre tout en gardant au coin de l'oeil l'amarre avant qui me parraît soudainement bien fine et bien seule pour faire face à de tels éléments. Deplus l'eau a recouvert la prise de courrant et l'électricité est coupée.

Que vont devenir mes frigos, mes congélos ?

Je me repousse, recherche mes repaires d'équilibre et renonce à cette montée à bord car soudainement un sentiment de peur m'envahi…et si l'ammarre lache, ou se rompt ?

Jimagine, j'envisage… je me rend compte que le bief est en train de déborder par dessus le mur de retenue, qu'uns cascade de plus de 100 mètres de long est en train de remplir le grand canal qui est en aval, qui lui même déborde…en effet les chemins de halage de canal Charleroi-Bruxelles sont en train de se recouvri d'eau, la canal est déja plus large de 10 mètres à certains endroits.

Si l'amarre lache, l'Agami passerait il au dessus du mur de retenue ?

Irrait il s'écraser, du haut de ses 40 mètres de long et de ses 150 tonnes sur un autre bateau, chargé lui de ciment, amaré à l'aval ?

Ce scénario catastrophe du type film américain ma traverse l'esprit, et c'est alors que je reprend conscience qu'il ne faut pas rester là.

Je redouble l'amarre arrière de l'Agami, vu que c'est la seule que je parviens à accrocher tant bien que mal, avec un noeud qui en temps normal n'en est pas un, mais c'est tout ce que je puis faire pour mon bateau…après on fait quoi ?

On prie diront certains, on ne peut rien faire de plus, diront d'autres.

C'est à ce moment que je décide de remonter sur la route Baccara où l'éclusier Guy à rejoint Daniel, tout aussi débordé que le canal, et il me propose d'aller voir si la caravane est à flot ou toujours à terre . Il m'enmène dans son 4×4 et nous traversons la rivière qui est sur le chemin de halage.

Heureusement les isobathes du sol me sont favorables et la caravane siège encore, telle un Robinson au milieu des flots, les pieds au sec…Mais combien de temps encore ?

Nous ne pouvons cependant rien faire d'autre que de la tracter sur un endroit culmùinant qui doit se situer à un quarantaine de centimètres plus haut (c'est dire !)

Nous rejoingnons les autres…

IL n'y a rien à faire …essayer de passer la nuit, retrouver le jour et sa lumière…

Je profite de ce changement d'énergie pour retrouver mes esprits et me met à observer les badaux, les curieux, qui se sont déplacés, habillés pour la circonstance, l'apareil photo à la main, Je me retrouve un peu comme l'alpiniste qui a passé deux jours pour gagner un sommet où il rencontre des touristes qui ont préféré prendre le téléphérique, et qui sont là, frais, observateurs, incapables de pouvoir imaginer le centième de la situation que je viens de vivre, sous leurs yeux, dans l'obscurité…

C'est alors que, trempé jusqu'aux os je me décide de lâcher prise et d'aller me coucher chez ma sour qui n'habite pas loin.

Le lendemain matin vers neuf heure c'est un hélicoptère qui vole en stationaire qui me réveille et qui attire toute mon attention…

Et si c'était la télé qui est en train de filmer une péniche qui est passé par dessus le mur et qui a éventré un autre, amarrée en dessous, chargé de ciment…?

Ni une, ni deux, je saute dans ce qu'il me reste de vêtements, qui n'ont eus le temps que de se réchauffer et me voilà dehors… Comme par magie, l'eau s'est retirée, telle elle était venue…il ne reste que les traces laissées par les boues. Le bateau est là, il m'attend comme un bon chien qui m'a joué un vilain tour.

La Samme à déversé cette nuit là, des valeures enregistrées par les agents du MET (SPW) de 30,000 litres d'eau/seconde, soit un camion semi-remorque à chaque seconde.

Des habitants de Ronquières vivant là depuis plus de quarante ans n'ont jamais vécus chose semblable.

Ce bief 25 s'est rempli, à débordé par dessus les portes de l'écluse de Ittre qui n'a pu que voir passer cette masse qui a fini par se retrouver à Halle, Ruisbroek, Anderlecht, et Molenbeek, où certaines digues ont cédé.

A de tels moments on se sent tout petits petits et on peut avoir une pensée pour ceux qui ont eu à vivre des événements commes des raz de marées ou des Tsunami

Nous sommes bien peu de chose face à Dame Nature et devrions rester vigilents à ce que nous pouvons provoquer déclencher, ou simplement avoir à vivre !

La photo manquant de lumière laisse entrevoir le canal Charleroi Bruxelle qui déborde

La Tour Glacée sous eau, la Samme déborde alors que nous ommes à 7 mètres au dessus du niveau du canal Charleroi-Bruxelles

Le Grand canal déborde !

 
etude_de_cas/2010-11-13_casvecu_ittre/start.txt · Dernière modification : 2015/01/10 15:31 de 127.0.0.1